Echos jésuites – Hiver 2022

1. Le P. Gabriel Khairallah sj décrit la situation du Liban et la présence de la Compagnie de Jésus au service de la population et de l’espérance, dans ce pays guetté par le désespoir

Depuis 2019, l’État libanais se désagrège et ce phénomène ne cesse de s’amplifier. Aucun politologue ne peut prédire si l’État existera dans les quelques années à venir. Plus de 80 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté en 2022 ; la livre libanaise a perdu 95 % de sa valeur en trois ans, entraînant une inflation colossale où les salaires ne suivent plus l’augmentation des prix. Ce dysfonctionnement prend des ampleurs inédites, suscitant des inquiétudes quant à la paix civile et poussant de plus en plus de Libanais, les plus diplômés notamment, à émigrer à la recherche d’un meilleur avenir. C’est dans cette ambiance que les membres de la Compagnie de Jésus se démènent avec leurs partenaires pour venir en aide à la population libanaise, notamment dans trois domaines : l’éducation, le social et le spirituel.

2. Au Tchad, le CEFOD participe activement au développement des savoirs et à la formation des étudiants avec sa propre université et des partenariats avec des universités étrangères

Créé en 1967 par le jésuite français Robert Langue sj, le Centre d’Études et de Formation pour le Développement (CEFOD) est une association qui se donne pour mission de répondre aux besoins des acteurs du développement social et économique du Tchad. Le CEFOD est engagé pour l’avènement d’une société démocratique, juste, pacifique et prospère, dans laquelle chaque citoyen est éduqué et participe effectivement à la gestion de la chose publique. Il a donc une place de choix dans le débat public. Reconnu d’utilité publique depuis sa création, le CEFOD est structuré en quatre départements (Documentation et informations juridiques, éditions et médias, études et recherche, formation). Depuis 2018, il est dirigé par le Père Ludovic Lado sj, qui travaille à faire de ce centre un lieu de production et de dissémination des savoirs : une mission essentielle dans un pays qui propose peu de formations supérieures de niveau Master. La présence du CEFOD offre ainsi une nouvelle opportunité aux étudiants tchadiens qui souhaitent poursuivre leurs études sans être obligés de quitter le pays durant de longues années pour se rendre au Cameroun, en Côte d’Ivoire ou, plus loin encore, en Europe ou aux États-Unis.

3. Une bande dessinée sur le jésuite missionnaire Matteo Ricci est parue aux Éditions Dargaud et Fidélité. Un récit qui revient sur l’aventure de Matteo Ricci, premier occidental admis dans la Cité interdite

L’album tant attendu de Martin Jamar et Jean Dufaux, le duo qui a si bien raconté Vincent de Paul et Charles de Foucauld, est enfin paru. Cette bande dessinée est le fruit d’un projet initié par le Centre Religieux d’Information et d’Analyse de la BD (CRIABD) et par Alain Deneef, président du pouvoir organisateur du nouveau collège jésuite Matteo Ricci à Bruxelles.

Matteo Ricci est prêtre jésuite en Chine. Il n’est pas seul mais son travail missionnaire est d’inculturation, c’est-à-dire d’observation et de compréhension d’un autre peuple, d’une autre civilisation, d’une autre culture. Bien après le Vénitien Marco Polo (1254-1324) qui avait révélé partiellement la Chine de l’Empire mongol, dans la ligne de saint François Xavier (1506-1552), cofondateur des jésuites et patron des Missions (après l’Inde, l’Indonésie et le Japon, il est mort dans une île chinoise proche du continent), vient Matteo Ricci (1552-1610) de Macerata dans les Marches en Italie Centrale, alors États Pontificaux. Entré dans la Compagnie de Jésus en 1571, il suit les cours du mathématicien Clavius à Rome puis à l’Université de Coimbra au Portugal. Il arrive en Inde en 1578 où il est ordonné prêtre, puis à Macao quatre ans plus tard, où il apprend le chinois. Après avoir fondé quatre résidences, il arrive à Pékin en 1601 et y meurt en 1610. Pour la première fois dans l’histoire de la Chine, l’empereur permit qu’un étranger soit inhumé à proximité de la Cité interdite, où sa tombe est aujourd’hui encore visitée.

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